Les Poulets d'Eugène
Entretiens familiers sur les coqs et les poules
par Eugène Pergeline
Nantes – 1887

I polli di Eugenio
Colloqui famigliari sui galli e le galline
di Eugène Pergeline

Trascrizione e traduzione di Elio Corti
2015
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6° COLLOQUIO

[48] SIXIÈME ENTRETIEN

SESTO COLLOQUIO

ENGRAISSEMENT – MALADIES

INGRASSAMENTO – MALATTIE

Eugène qui avait, contre son habitude, écouté si longuement sans prononcer une parole, dit à M. Éraud:

Eugenio che, all’opposto di come era abituato, aveva ascoltato così a lungo senza pronunciare una parola, dice al Signor Éraud,:

– Tous les soins dont vous venez de parler, je les ai vu donner à vos volailles depuis que je suis chez vous; mais je suppose que si vous ne faites rien de plus pour mes poulets, ils ne deviendront pas plus beaux que les autres oiseaux de votre basse-cour, contrairement à ce que vous m’aviez promis.

– Tutte le cure di cui avete appena parlato le ho viste porgere ai vostri polli da quando sono presso di voi; ma suppongo che se non fate alcunché di più per i miei polli, non diventeranno più belli degli altri uccelli del vostro cortile, contrariamente a ciò che mi avevate promesso.

– Attends un peu, petit impatient. À peine ai-je cessé de causer que tu crois que je n’ai plus rien à dire: c’est tout au plus si, avec toi, on a le temps de respirer. Je me rappelle bien t’avoir promis de jolies volailles grasses à point; s’il n’arrive pas d’accidents, tu verras que je tiendrai parole.

– Aspetta un po’, piccolo impaziente. Ho appena cessato di provocare che tu creda che non ho più alcunché da dire: è già tanto se con te si ha il tempo di respirare. Mi ricordo bene di averti promesso dei bei polli grassi a puntino; se non capitano incidenti, vedrai che manterrò la parola.

– De quelle façon, parrain, deviendront-ils si gras?

– In che modo, padrino, diventeranno così grassi?

– Mais par l’engraissement, mon ami.

– Ma con l'ingrassamento, amico mio.

– Ah! voici quelque chose de bien nouveau pour moi. Je savais qu’on engraissait les porcs et les bœufs, mais j’ignorais {complétement} <complètement> [49] qu’on engraissait aussi les volailles. Comment est-ce donc qu’on s’y prend?

– Ah! Ecco qualcosa di molto nuovo per me. Sapevo che si ingrassavano i maiali e i buoi, ma ignoravo completamente che si ingrassavano anche i polli. Com’è dunque che si fa?

– De plusieurs manières; la plus naturelle est celle dont je t’ai entretenu tout à l’heure: une nourriture abondante et variée donnée régulièrement à des oiseaux libres ou parqués; mais ce n’est pas la meilleure, car une grande partie des aliments, au lieu de se transformer en graisse, tourne au développement de la chair, des os et des muscles.

– In parecchi modi; il più naturale è quello su cui ti ho intrattenuto poco fa: un cibo abbondante e vario dato regolarmente a uccelli liberi o recintati; ma non è il migliore, perché una gran parte degli alimenti, invece di trasformarsi in grasso, volge allo sviluppo della carne, delle ossa e dei muscoli.

La seconde méthode, celle que j’emploie quelquefois quand je veux avoir à présenter un poulet capable de faire honneur à ma table, et que je vais suivre pour tes poulets, est celle qui est en usage pour l’engraissement des célèbres poulardes du Mans, et voici en quoi elle consiste:

Il secondo metodo, quello che uso talvolta quando voglio avere un pollo da presentare che sia in grado di fare onore alla mia tavola, e che seguo per i tuoi polli, è quello che è in uso per l'ingrassamento delle celebri pollastre del Mans, ed ecco in che cosa consiste:

Dans un lieu à demi obscur, – la cave ou le cellier, s’ils ne sont pas trop humides, sont très propres à cet effet – on place des cages nommées mues ou épinettes, divisées en autant de compartiments qu’on y veut placer de volailles: supposons une cage à dix places, elle pourra contenir dix volailles.

In un luogo semioscuro – la cantina o la dispensa, se non sono troppo umide, sono molto adatte a questo scopo – si pongono delle gabbie chiamate stie, suddivise in tanti scompartimenti quanti sono i polli che vi si vuole mettere: supponiamo una gabbia con 10 posti, potrà contenere 10 polli.

Deux fois par jour, on prépare des pâtons de la grosseur et de la longueur du doigt, faits de farine d’orge ou de maïs pétrie avec de l’eau ou du lait.

Due volte al giorno si preparano dei pastoni della grandezza e della lunghezza di un dito, fatti di farina di orzo o di mais impregnata di acqua o di latte.

[50] Quand les pâtons sont tout prêts, on prend une volaille entre les genoux; de la main gauche, on lui tire légèrement la peau de la tête de façon à lui faire ouvrir le bec, et de la main droite on introduit dans la gorge de la bête des pâtons facilement avalés, jusqu’à ce qu’on trouve que le jabot soit suffisamment rempli.

Quando i pastoni sono completamente pronti, si prende un pollo tra le ginocchia; con la mano sinistra gli si tira leggermente la pelle dalla testa in modo da fargli aprire il becco, e con la mano destra si introduce nella gola della bestia dei pastoni facilmente ingoiati, finché si percepisce che il gozzo è sufficientemente riempito.

Enfin, la troisième méthode diffère de la précédente en ce que, au lieu de donner aux volailles la nourriture avec la main, on introduit les pâtées à demi liquides destinées à favoriser l’engraissement, à l’aide d’un entonnoir – ce qui, entre nous soit dit, doit faire passablement souffrir les pauvres bêtes.

Infine, il terzo metodo differisce dal precedente per il fatto che, invece di dare ai polli il cibo con la mano, si introducono i pastoni semiliquidi, destinati a favorire l'ingrassamento, con l'aiuto di un imbuto – il che, sia detto tra noi, deve far soffrire abbastanza le povere bestie.

– Cette grande cage avec des barreaux, devant lesquels se trouve une longue boîte étroite, que j’ai vue chez un des nos voisins, c’est donc pour engraisser les poulets?

– Questa grande gabbia con delle sbarre, davanti alle quali si trova una lunga cassetta stretta, che ho visto presso uno di nostri vicini, è dunque per ingrassare i polli?

– Oui, c’est dans des cages ou mues semblables non divisées en compartiments séparés que par ici on engraisse, ou plutôt qu’on cherche à engraisser les volailles. Mais, de tous les systèmes, c’est le plus mauvais. En effet, si la nourriture versée dans la boîte n’est pas mangée immédiatement, elle s’aigrit facilement, et elle donne aux poules la diarrhée, qui met obstacle à leur engraissement; d’autre [51] part, si après chaque repas les boîtes sont nettoyées, une partie de la nourriture est perdue, ce qui augmente le prix de revient des poules.

– Sì, è dentro a simili gabbie o stie non suddivise in scompartimenti separati che attraverso questa parte si ingrassano, o meglio, che si cerca di ingrassare i polli. Ma, di tutti i sistemi, è il peggiore. Difatti, se il cibo versato nella cassetta non è mangiato immediatamente, si inacidisce facilmente, e causa ai polli la diarrea che ostacola il loro ingrasso; d’altra parte, se dopo ogni pasto le cassette vengono pulite, una parte del cibo va persa, il che aumenta il costo delle galline.

Enfin, il arrive parfois que les barreaux de ces sortes de cages, où un certain nombre de volailles sont souvent entassées pêle-mêle, ne sont pas tenus dans un état de propreté convenable; et les pauvres victimes qui s’y trouvent confinées contractent des maladies de pattes qui retardent encore leur engraissement.

Capita infine che talvolta le sbarre di questi tipi di gabbie, dove un certo numero di polli è spesso ammucchiato alla rinfusa, non sono tenute in un stato di pulizia decente; e le povere vittime che vi si trovano confinate contraggono delle malattie alle zampe che ritardano ulteriormente il loro ingrasso.

– Voilà bien des fois, cher parrain, que je vous entends prononcer les vilains mots d’accident, de maladie: je ne croyais pas, moi, que les poules pussent être malades.

– Ecco quante volte, caro padrino, che vi sento pronunciare le brutte parole accidente, malattia: io non credevo che le galline potessero essere malate.

– Tout ce qui vit, mon ami, est sujet aux souffrances et destiné à mourir. Plantes et animaux sont exposés à des maladies qui retardent leur développement ou les font périr. Et comme, parmi les plantes et les animaux, les espèces domestiques sont plus fréquemment attaquées par le mal que les espèces sauvages, il importe à l’homme de prendre toutes ses précautions pour les préserver des affections qui pourraient les atteindre.

– Tutto ciò che vive, amico mio, è soggetto alle sofferenze e destinato a morire. Piante e animali sono esposti a malattie che ritardano il loro sviluppo o che li fanno morire. E siccome in seno alle piante e agli animali le specie domestiche sono quelle più frequentemente attaccate dal male rispetto alle specie selvatiche, all'uomo importa prendere tutte le precauzioni per preservarle dalle malattie che potrebbero colpirle.

La meilleure manière d’entretenir une bonne santé parmi les habitants de la basse-cour, [52] c’est de tenir leur demeure avec une propreté excessive, et, comme j’ai déjà appuyé fortement sur ce point, de mettre à leur disposition une nourriture et une eau tout-à-fait saines.

Il miglior modo di mantenere una buona salute tra gli abitanti del cortile è quello di gestire la loro casa con una pulizia eccessiva, e, come ho già molto insistito su questo punto, di mettere a loro disposizione un cibo e un'acqua estremamente puliti.

Grâce à des soins judicieux, les maladies sont rares dans le poulailler. Cependant, il peut arriver que, malgré toute prudence, la maladie se déclare sans qu’on puisse en découvrir la cause.

Grazie ad attenzioni giudiziose, nel pollaio le malattie sono rare. Tuttavia può accadere che, malgrado ogni prudenza, la malattia si manifesti senza che si possa scoprirne la causa.

Dans ce cas, dès les premiers symptômes, il faut mettre à l’écart les volailles atteintes, reblanchir à la chaux le poulailler et y répandre des substances désinfectantes.

In questo caso, fin dai primi sintomi, bisogna mettere in disparte i polli colpiti, rimbiancare con calce il pollaio e spargervi delle sostanze disinfettanti.

Une des plus fréquentes maladies des poules, c’est la pépie, que l’on attribue, à tort ou à raison, à l’absence ou à la mauvaise qualité de l’eau, et qui consiste en une affection du gosier ou de la langue.

Una delle più frequenti malattie delle galline è la pipita, che si attribuisce, a torto o a ragione, all'assenza o alla cattiva qualità dell'acqua, e che consiste in un’affezione della gola o della lingua.

Or, tu ne sais pas comment par ici on s’y prend pour guérir cette maladie? Non, n’est-ce pas? Eh bien, nos bonnes fermières ne sont pas en peine, elles. Une poule a-t-elle l’air inerte, dégoûtée, aussitôt la ménagère de lui ouvrir le bec. La poule a le bout de la langue cornée, donc elle a la pépie. Vite avec une épingle on lui enlève le bout de la langue. Eh bien! mon ami, je ne puis m’empêcher de qualifier de barbare ce traitement sommaire. [53] Et pour preuve, si tu ouvrais le bec de toutes mes poules qui, Dieu merci, se portent à merveille, tu apercevrais au bout de leur langue cet appendice corné qui existe en tout temps – que les poules soient malades ou non.

Ora, tu sai come ci si comporta per guarire questa malattia? No, vero? Ebbene, le nostre brave fattoresse non sono in pena, loro. Una gallina ha l'aria inerte, la donna è disgustata di aprirle subito il becco. La gallina ha l'estremità della lingua che è cornea, dunque ha la pipita. Le si toglie rapidamente l'estremità della lingua con una pinzetta. Ebbene! Amico mio, non posso trattenermi dal qualificare come barbaro questo trattamento sommario. E come prova, se tu aprissi il becco di tutte le mie galline che, grazie a Dio, stanno a meraviglia, vedresti alla fine della loro lingua questa appendice cornea che esiste sempre – che le galline siano malate o no.

À vrai dire, on ne connaît pas de remède contre la pépie: l’isolement, une nourriture rafraîchissante, une eau légèrement acidulée peuvent être essayés; – mais, si au bout de peu de temps on ne voit pas d’amélioration, il n’y a qu’à employer un remède plus énergique que les autres: le couteau.

A dire il vero, non si conoscono rimedi contro la pipita: l'isolamento, un cibo rinfrescante, un'acqua leggermente acidula possono essere provati – ma, se dopo poco tempo non si vede un miglioramento, non resta che usare un rimedio più energico degli altri: il coltello.

La goutte, autre maladie des volailles, a son siège dans les pattes; celles-ci se gonflent et deviennent si douloureuses que les poules finissent par ne plus pouvoir marcher. Remède: l’isolement dans un lieu sec et chaud – ou le couteau.

La gotta, altra malattia dei polli, ha la sua sede nelle zampe; queste si gonfiano e diventano così dolorose che le galline finiscono per non più poter camminare. Rimedio: l'isolamento in un luogo secco e caldo – o il coltello.

La diarrhée provient d’une nourriture trop rafraîchissante; il est donc utile, après avoir mis à part les poules malades, de leur distribuer des aliments échauffants.

La diarrea proviene da un cibo troppo rinfrescante; è dunque utile, dopo aver messo da parte le galline malate, distribuire loro degli alimenti riscaldanti.

Dans un prochain entretien, je te parlerai du logement des poules; je te dirai alors un mot des affreux insectes qui l’infestent quand il est mal tenu, et qui causent souvent de si grands ravages dans une basse-cour.

In un prossimo colloquio ti parlerò dell'alloggio delle galline; ti dirò allora una parola dei terribili insetti che l'infestano quando è tenuto male, e che causano spesso delle così grandi devastazioni in un cortile.