Lessico
Ippiatri
Hippiatrici - Hippiatrikoí
Gli ippiatri erano i medici dei cavalli, che oggi identifichiamo con il termine veterinari. L’etimologia di veterinario è discussa: deriva senza dubbio dal latino veterina, che era un animale da soma, e gli antichi collegavano questo termine al verbo vehere, trasportare, ma probabilmente deriva invece da vetus, vecchio, riferito a cavalli invecchiati non più adatti alla corsa ma ancora utili per il trasporto.
Affidiamoci alla tesi di laurea in Veterinaria della Dottoressa francese Diane Ménard per fare il punto su questa antica arte sanitaria così indispensabile per le attività umane, compresa ovviamente la guerra. Vi troveremo notizie relative a Apsirto (o Assirto, o Absirto), Teomnesto, Anatolio, Eumelo, Ippocrate veterinario, Ierocle, Pelagonio, Simone di Atene.
Diane
Ménard I
– Le Corpus Hippiatricorum Graecorum 1.1
- Histoire du Corpus Hippiatricorum Graecorum L'hippiatre
est le vétérinaire spécialisé dans la médecine des équidés.
Dans l’Antiquité, et ceci resta vrai jusqu’au début du XXème
siècle, la médecine
vétérinaire s’intéressait principalement aux chevaux, si bien que
le terme d’hippiatre désignait alors tout vétérinaire. Les
auteurs hippiatriques antiques, qui n'étaient pas nécessairement des
hippiatres, étudièrent les chevaux : leur conformation, leur élevage,
leur entretien et leurs maladies. De très nombreux textes furent
ainsi rédigés et certains nous sont parvenus. Il est évident que
beaucoup furent perdus. Au
Moyen-age, des hommes de lettres regroupèrent certains de ces textes.
Quatre recensions différentes des textes hippiatriques grecs nous
sont ainsi parvenues. Ces textes sont nommés Hippiatrica. Les
originaux des textes d’hippiatrie ont disparu et on ne peut donc que
se fier aux copies avec toutes les erreurs qu’elles peuvent
comporter: oublis ou ajouts volontaires ou non de la part du copiste,
erreurs dans la retranscription d’un mot, passages illisibles. A
leur tour, ces manuscrits furent oubliés jusqu’au XVIème
siècle où une édition
relativement complète, en latin puis en grec, fut éditée. Par la
suite, seuls quelques extraits furent publiés jusqu’au début du XXème
siècle où E.
Oder et K. Hoppe entreprirent de réaliser un travail systématique de
recherche de la structure originelle des textes, bénéficiant des
travaux préparatoires réalisés par différents prédécesseurs au
XIXème
siècle. En
1924 et 1927, ces deux auteurs éditèrent, sous le titre Corpus
Hippiatricorum Graecorum (C.H.G.), un ensemble impressionnant de
fragments de textes consacrés principalement à la médecine des
chevaux [23]. 1.2
– Aperçu De La Complexité Du C.H.G. E.
Oder et K. Hoppe citent dix manuscrits et distinguent quatre
recensions [42]: -
Les Hippiatrica Berolinensia (= B), pour lesquels ils se sont
fondés surtout sur un manuscrit, le Berolinensis Graecus, du Xème
siècle. -
Les Hippiatrica Parisina, contenus dans le Parisinus Graecus
2322 (= M), XIème siècle. -
Les Hippiatrica du Cantabrigiensis Collegii Emmanuelis III,
3.19 (= C), XIIème
siècle, et du Londinensis Bibliothecae Sloanianae 745 (= L),
XIIIème
siècle, remontant
à un archétype D. -
Les Hippiatrica du Lugdunensis Vossianus Graecus Q. 50 (= V),
XVème
siècle. [23] Ce
travail constitue certes un progrès, mais d'autres études devront le
compléter. Les recensions B, M et D sont très proches et font
supposer à leur commune origine une collection primitive A, dont
toutes trois dériveraient. Les textes y sont classés par matières;
dans M, qui est la recension la plus proche de A, ils sont encore rangés
dans l'ordre alphabétique des auteurs. Toutefois, toute recherche sur
la structure des textes et des recensions est d'une extrême complexité
[23]. Se
pose également la difficulté d'établir une datation de la
constitution de cette collection. "Comme le Parisinus
Graecus 2322, unique témoin de la recension M, qui est la plus
proche de la collection primitive de A, est daté du XIème siècle, il n'est d'aucun secours pour l'établissement de la chronologie,
et comme l'a reconnu G. Björck [18], qui croyait pourtant que la collection A datait du début de l'époque
byzantine, aucun fait ne permet actuellement de prouver que les
Hippiatriques aient été constituées avant le Xème
siècle."[23]. II - Les Auteurs du Corpus
Hippiatricorum Graecorum Dans
la collection originale, se trouvaient sept auteurs: Apsyrtos,
Anatolios, Eumelos, Theomnestos, Hippocrate, Hiéroclès et Pelagonius.
Lors de la réalisation des recensions, l'auteur a pris sur chaque
sujet l'ensemble des textes de ces hippiatres, ce qui explique les
nombreuses redondances, surtout que certains auteurs en ont parfois
copié un autre. Il est difficile de situer avec exactitude ces différents
auteurs [25]. 2.1.
– Datation D'Apsyrtos et de Theomnestos Apsyrtos
écrivait sous forme de lettres et l'une d'elle le montrait
participant à une expédition militaire sur le Danube. Ceci nous
indique qu'Apsyrtos était un soldat, mais par contre il a été plus
mal aisé de définir la campagne militaire à laquelle il faisait
allusion. La tradition désignait une expédition de l'empereur
Constantin I (306-337) [soit contre les Sarmates (320-323), soit
contre les Goths (330-334)], ce qui plaçait Apsyrtos à cette même période
[25]. Toutefois,
la datation de Theomnestos représente un écueil. En effet,
Theomnestos cita Apsyrtos, ce qui implique l'antériorité des textes
de celui-ci. Or Theomnestos écrivit, au début de son article sur le
tétanos, qu'il accompagnait l'empereur dans son voyage de Pannonie en
Italie, au mois de février et que l'empereur était pressé par un
mariage. Ce passage semble référer à l'empereur Licinius qui épousa
en 313 la sœur de Constantin à Milan. [25]. De
plus, Apsyrtos a priori ne relata ses souvenirs qu'après être
revenu de ses campagnes militaires, qui lui auraient permis de
perfectionner son art au contact des Sarmates. Si cette hypothèse est
acceptée et sachant que Theomnestos écrivit après Apsyrtos qu'il
cita, une double conclusion s'impose: Theomnestos n'écrivit qu'à un
âge avancé et était très jeune lors de l'épisode du mariage impérial
[25]. Mais Theomnestos se considérait comme un ami de l'empereur, ce
qui impliquait que ces deux hommes aient eu à peu près le même âge.
Or Licinius se maria à plus de 60 ans: Theomnestos ne pouvait donc
attendre encore près de vingt ans pour écrire. La
conclusion qui s'impose est la suivante: Theomnestos publia ses
oeuvres entre 313 et 324 et Apsyrtos est donc antérieur aux dates
habituellement retenues. Ce dernier est alors situé entre 150 et 250,
sans réelle certitude. Ceci nous montre, si besoin était, la
complexité d'établir une chronologie exacte [25]. 2.2
– Datation des autres Auteurs du C.H.G. Parmi
ces auteurs d'hippiatrie, Apsyrtos et Theomnestos semblent avoir été
les seuls véritables praticiens. Notons brièvement qu'Anatolios fut
connu pour d'autres ouvrages: une compilation sur l'agriculture en 12
volumes, a priori du IV ou Vème siècle.
Eumelos de Thèbes était antérieur à Apsyrtos qui le cita. Il est
placé habituellement aux environs de 300, mais l'hypothèse évoquée
ci-dessus remet en cause cette date. Le vétérinaire Hippocrate est
distinct du médecin du même nom et dont la postérité a fait plus
grand cas. Il n'est pas possible de donner plus de précision sur cet
auteur. Hiéroclès, juriste de formation, se contenta de retranscrire
Apsyrtos dans une langue plus élégante [25, 26]. Pelagonius était
en réalité un auteur latin qui fut traduit en grec. Deux éléments
nous permettent de le situer dans la deuxième moitié du IVème siècle: d'une part,
l'identification probable de deux destinataires de ses lettres (il écrivit,
comme Apsyrtos, sous forme épistolaire), d'autre part, le fait que Végèce
le cita dans son terminus post quem, traité rédigé entre 383
et 455 [25, 26]. Pelagonius a pratiquement recopié le texte de
Columelle pour le sujet qui nous intéresse, à savoir la conformation
du cheval [26]. Son traité est également conservé en latin. III – Autres Auteurs ayant traite du cheval Les
textes traduits vont être expliqués à l'aide d'extraits de Simon d'Athènes,
de Xénophon, de Columelle et de Varron. 3.1
– Simon d'Athènes Simon
d'Athènes est un auteur pratiquement inconnu, qui écrivit le premier
traité équestre connu, Sur l'extérieur et le choix des chevaux,
dont il ne reste qu'un fragment mutilé. Il est cité par Xénophon et
situé classiquement au Vème siècle
avant J.C. [22]. 3.2
– Xénophon Xénophon
(environs de 426 - 355 avant J.C.) était issu d'une famille athénienne
aisée. Il suivit l'enseignement des sophistes et suivit les
entretiens de Socrate. Cavalier et soldat, il participa à la fin de
la guerre du Péloponnèse (406 - 404). Il devint un acteur de la
guerre civile par son appartenance à la cavalerie des Trente. Il
quitta Athènes en 401 pour s'enrôler dans l'armée de mercenaires
grecs que leva Cyrus le jeune, afin de s'emparer de l'empire perse au
détriment de son frère Artaxerxès. Les événements conduisirent
progressivement Xénophon à la tête de cette armée des Dix mille,
qu'il remit dans les mains du stratège spartiate Thibron, en 399. Il
se rapprocha alors de Sparte et combattit dans les rangs lacédémoniens
contre Athènes (Coronée, 394). C'est sans doute à cette époque
qu'il fut frappé d'exil pour "laconisme" (c'est-à-dire
attitude pro-spartiate). Il vécut quelques années à Sparte puis
s'installa dans un petit domaine que lui avait attribué Sparte, près
de Scillonte, au sud d'Olympie, vers 390. Il y resta une vingtaine d'années
et s'adonna alors à la chasse, la pêche, l'équitation et l'écriture.
Vers 370, face à la menace de Thèbes, Sparte et Athènes se rapprochèrent.
Toutefois, Sparte perdit de son autorité et les Eléens reprirent la
région de Scillonte (371). A près de soixante ans, Xénophon dut
quitter son domaine et s'installa à Corinthe. En 367, le décret d'exil
de Xénophon fut revu et ce dernier put retourner dans sa patrie qu'il
ne quitta plus jusqu'à sa mort et où il participa à la vie
politique. Son oeuvre littéraire est abondante et variée : ouvrages
à visée historique (L'Anabase, Les Helléniques), ouvrages
politiques (la Cyropédie), philosophiques (Apologie de
Socrate), économiques (L'Economique, Les Revenus) et équestres
(L'Art équestre). 3.3
– Varron Marcus
Terentius Reatinus Varro, dit Varron, est un écrivain et homme
politique latin du Ier siècle avant J.C. (116 - 27 avant J.C.), issu d'une noble famille plébéienne.
L'étendue de son savoir fit de lui le premier grand encyclopédiste
latin. Il mena une carrière politique et militaire. Il fut partisan
de Pompée et celui-ci lui confia des commandements militaires et lui
remit l'insigne honneur de la couronne navale. Il se retrouva inévitablement
mêlé à l'affrontement entre Pompée et César. Ce dernier sortit
vainqueur et, après Pharsale, en 48, pardonna à Varron d'avoir fidèlement
soutenu son ennemi. Il le chargea même de l'organisation de la première
bibliothèque de Rome, sur le modèle de celle d'Alexandrie. Toutefois,
Varron connut un nouveau revers: à la fin de 43, il fut inscrit sur
la liste des proscriptions. Il parvint tout de même à se sauver et,
le calme revenu, put reprendre la rédaction de ses oeuvres. Sur la
fin de sa vie, il se convertit au pythagorisme. Sa production littéraire
massive (plus de 500 livres) a malheureusement pratiquement disparu et
seuls 74 titres nous sont parvenus. Varron aborda de nombreux domaines:
histoire ancienne (Les antiquités, De la vie du peuple romain),
littérature et linguistique
(De la langue latine,
étude du théâtre, en particulier de Plaute), technique (les trois
livres De l'agriculture, qui seuls sont conservés). 3.4
– Columelle Lucius
Junius Moderatus Columella, Columelle, est un écrivain latin
d'origine espagnole, contemporain de Sénèque (Ier
siècle après J.C).
Les renseignements sur sa vie sont rares et prêtent à caution. D'abord
tribun militaire de la 6ème légion vers 36 sans
doute en Syrie, il retourna à la vie civile et acheta terrains et
villas dans le Latium et en Étrurie. Il s'adonna entièrement à l'agriculture
et rédigea un grand traité en douze livres, L'Économie rurale.
Cet ouvrage est sans doute le texte antique le plus complet sur ce
sujet et il fut très lu au cours du Moyen-age et de la Renaissance.
Il s'agit d'un livre assez technique, mais également à portée
philosophique car Columelle vit dans l'agriculture une source de bien-être
social, d'élévation humaine et de pureté des mœurs. 3.5
- Les Auteurs de traités hippiatriques latins La
présence de Pelagonius parmi les auteurs hippiatriques grecs amène
à évoquer l'hippiatrie latine. Dans ce domaine, les Romains ne se
sont pas contentés d'emprunter leur savoir aux Grecs. Si les
hippiatres grecs furent sans doute les premiers, de nombreux
hippiatres latins d'envergure ont existé. Leurs connaissances étaient
de valeur au moins comparable. Ainsi, Pelagonius n'a pas été le seul
auteur latin traduit en grec: Columelle (source principale d'Eumelos
de Thèbes) et Végèce apparaissent également dans la collection
grecque Par ailleurs, Apsyrtos utilise le nom latin de certaines entités
pathologiques, en parallèle avec le terme grec, ce qui prouve que
toutes ces maladies avaient également été décrites par des auteurs
latins.[26] Végèce est un juriste latin de la fin du IVème
siècle après
J.C. Il est l'auteur d'une Mulomedicina en trois livres auquel
fut ajouté, par la suite, un livre sur les bovidés [26]; son oeuvre
connut une importante postérité. Il cite Pelagonius, Columelle,
Chiron et Apsyrtos comme ses sources et leur est donc postérieur.
Palladius (fin du IVème et du début du Vème siècle après J.C) est l'auteur d'un traité d'agriculture dans lequel il
s'inspira très largement de l’œuvre de Columelle [26]. Le quatorzième
livre (retrouvé après les autres) est consacré à la médecine vétérinaire.
De la même période, nous possédons également une oeuvre latine
importante: la Mulomedicina Chironis, compilation hippiatrique en dix
livres [26]. 23.
doyen a. m., Les
textes d’hippiatrie grecque, dans L’Antiquité classique, tome
L 1er
- 2ème
fasc -, Bruxelles, 1981, p. 258-273 25.
doyen-higuet a. m., The
Hippiatrica and byzantine veterinary medecine, dans
Dumbarton Oaks Papers, tome 38 – 1984, p. 111-120 26.
doyen-higuet a.m., Les
textes hippiatriques grecs. Contribution à l'histoire de la médecine
vétérinaire, Scientarium Historia (sous presse) 42.
oder e., hoppe k., Corpus
Hippiatricorum Graecorum, tome II Hippiatrica Parisina
Cantabrigiensia Londinensia Lugdunensia - Appendix, Teubner,
Leipzig, 1927 (réimp. Stuttgart, 1971) |